chine, mon amour
La chine du verbe "chiner", je chine, tu chines, il/elle chine, nous chinons, vous chinez, ils chinent.
Rien de tel, selon moi, qu'un meuble qui a déjà vécu, qui a un passé, une histoire.
Rien de tel que de fouiller à Emmaüs, l'oeil aux aguets, à la recherche de l'objet, du meuble rêvé.
Rien de tel que le plaisir d'avoir fait l'affaire du siècle en ramenant à la maison un objet payé trois francs six sous dans un vide grenier.
Rien de tel que le plaisir de transformer ce meuble, cet objet, exactement comme l'aviez rêvé.
Laver, frotter, poncer, peindre. Une couche, deux couches... Et rien de tel que de voir apparaître quelquechose de très chouette sous vos doigts alors que tout le monde faisait beurk lorsque vous avez ramené votre machin durement chiné.
C'est ce qui s'est passé avec ce meuble, chopé à Emmaüs trois cacahouètes. Sale, abîmé, cabossé. Et même plus qu'humidifié.
Mais je l'aime déjà.
Il n'a plus de clé, j'en demande une à Monsieur Emmaüs. Il sort une boîte magique remplie de clés. Oooh, j'adore.
Nous en essayons plusieurs. Celle-ci, super jolie en plus, fonctionne. Le secrétaire s'ouvre. C'est magique.
Et là, cerise sur le gâteau, je découvre une ribambelle d'autocollants so sixties soigneusement collés à l'interieur du secrétaire.
J'imagine desuite l'enfant qui a collé ces autocollants, qui a possédé ce secrétaire.
Je le vois assis, concentré sur sa dictée.
Je le vois appliqué, la langue tirée, en train de coller ses autocollants préférés, personnalisant ainsi son espace.
Et je l'imagine aujourd'hui. Il doit avoir 60 ans. Peut être un peu plus. Peut être un peu moins.
J'ai donc bien pris soin de son secrétaire. Je l'ai nettoyé, poncé, retapé. J'ai changé les vis, délicatement décollé les autocollants puis passé une première couche de peinture et enfin une seconde.
J'ai choisi de peindre en jaune l'intérieur de l'étagère du haut de façon à en faire ressortir le contenu et le reste en gris.
Ce meuble est aujourd'hui dans mon salon.
Et j'espère que le petit garçon aujourd'hui devenu grand monsieur en serait content...